Une nouvelle manière de penser
March 2016
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À partir du résumé
L’IntelliProspérité est une initiative de leaders canadiens issus de la communauté des affaires, de groupes de réflexion, des syndicats, des peuples autochtones, des jeunes et des ONG. Notre objectif : mettre en oeuvre une nouvelle manière de penser et accélérer la transition du Canada vers une économie plus forte et plus propre.
Le présent document offre une vision claire de cette transition et propose un plan d’action. Il montre les bénéfices que les Canadiens pourront retirer en s’engageant dans cette voie et les progrès qu’il faudra faire afin d’atteindre notre but. Nous avons toutes les assurances que le Canada possède le savoir-faire nécessaire pour marier ses valeurs économiques à ses valeurs environnementales. Les recherches et les exemples cités plus bas prouvent que la meilleure façon pour le Canada de tracer sa voie d’avenir consiste à tirer parti de ses forces éprouvées et de son expérience historique. Une économie propre et forte est un prolongement naturel des valeurs et de la culture canadiennes. Mais pour y arriver à la vitesse requise, il nous faut une réflexion innovante et des orientations nationales claires et unifiées, dans tous les ordres de gouvernement, dans tous les secteurs de notre économie de même que dans la société civile.
POURQUOI L’INTELLIPROSPÉRITÉ EST-ELLE NÉCESSAIRE AU CANADA ?
Le monde change et les acteurs économiques à la fine pointe s’emploient à façonner des économies plus propres et plus novatrices. Un consensus émerge d’ailleurs parmi les leaders économiques et commerciaux : l’économie mondiale évolue vers un nouveau modèle à faible niveau de pollution où les technologies propres occuperont l’avant-plan. Cette transformation est inévitable, et le Canada doit agir rapidement s’il veut s’assurer un avenir prospère au coeur de cette métamorphose. La vieille idée voulant qu’il faille choisir entre une économie forte et un environnement sain s’est révélée fausse. Autour du globe, des nations font la démonstration qu’une bonne gestion de l’environnement peut aussi être rentable. Pensons aux investissements massifs de la Chine et des États-Unis dans les énergies vertes, aux 14 pour cent de parts de marché que détient l’Allemagne dans le secteur lucratif des technologies propres, ou au leadership qu’exerce la Suède dans sa quête d’une économie très peu polluante.
Cette économie mondiale en pleine mutation offre au Canada des occasions d’affaires dans tous les secteurs. La croissance rapide des économies émergentes augmente la pression exercée sur des ressources et des écosystèmes déjà trop sollicités. Cette réalité, combinée à la nécessité de lutter contre les changements
climatiques, crée dans tous les domaines un marché lucratif pour les projets peu polluants. D’ici 2020, le marché des technologies propres devrait dépasser 2 000 milliards de dollars2. Au cours des quinze prochaines années, la transition mondiale vers une économie faible en carbone nécessitera des investissements de quelque 90 000 milliards de dollars en nouvelles infrastructures3. Les pays qui se mobilisent maintenant seront les mieux placés pour profiter de cette manne économique.
Des techniques avancées de stockage d’énergie au développement urbain durable en passant par la tarification du carbone et la fabrication de véhicules plus légers, le Canada a déjà jeté les bases de son futur économique. Notre secteur des technologies propres emploie maintenant plus de 50 000 personnes et compte davantage d’entreprises cotées en bourse que dans tout autre pays. Nous avons les atouts pour réussir dans ce nouvel environnement et tous les secteurs — ressources naturelles, fabrication, agriculture, technologies propres — peuvent en bénéficier.
Le rendement économique et environnemental est la clé du succès. Mais pour être concurrentiels, nous devrons accélérer la cadence du changement. En raison, notamment, de son climat froid, de sa masse continentale et de l’importance de son
secteur des ressources naturelles, le Canada s’engage dans la course avec un handicap marqué en fait de productivité énergétique et de productivité des matières premières.
Mais les Canadiens sont impatients de faire mieux : plus de 85 pour cent d’entre eux souhaitent que leur pays soit reconnu pour son écoefficacité et espèrent des changements majeurs dans nos pratiques énergétiques.VII
Si notre ambition est de demeurer concurrentiels face aux chefs de file mondiaux, de respecter nos engagements internationaux en matière de climat et de laisser aux
générations futures une planète en santé, nous avons de grands pas à franchir au cours des cinq ou dix prochaines années. Par exemple : améliorer la productivité de notre consommation d’énergie, de matières premières et d’eau; mieux protéger nos ressources naturelles (rivières, forêts et océans); et stimuler l’innovation et l’écoentrepreneuriat dans tous les secteurs. Le Canada peut bâtir son succès sur ses forces et ses valeurs de toujours, mais il nous faut les stimulants adéquats pour accélérer et démultiplier nos efforts.
Des politiques intelligentes peuvent avoir des effets bénéfiques pour tous. Des politiques intelligentes nous outillent pour protéger l’environnement et catalyser une économie propre et forte misant sur nos forces existantes. Déjà, un mouvement se fait sentir au Canada envers l’utilisation d’énergies moins polluantes, de transports et de bâtiments plus efficaces et d’une conservation accrue. Selon des preuves de plus en plus nombreuses, des politiques efficaces peuvent produire des résultats supérieurs sur les plans aussi bien économique qu’environnemental.
En Colombie-Britannique, une taxe avant-gardiste sur le carbone a entraîné une baisse de 16 pour cent de l’utilisation des carburants sans que la croissance du PIB
provincial traîne de la patte par rapport au reste du CanadaIX. L’élimination des centrales thermiques au charbon en Ontario est non seulement la mesure de réduction du carbone la plus ambitieuse en Amérique du Nord, mais aussi le fer de lance d’une nouvelle industrie axée sur les technologies propres. À l’extérieur du pays, afin de stimuler l’innovation, Israël et l’Australie ont mis en place des politiques sévères en matière d’utilisation de l’eau. Des politiques tarifaires flexibles (tarification du carbone, frais d’utilisation, etc.) de même qu’une réglementation souple permettent en outre
d’utiliser la force du marché pour induire les changements nécessaires, et ce, au plus faible coût. En somme, si nous mettons en place un bon cadre réglementaire, la marque « fabriqué au Canada » deviendra synonyme de productivité et d’innovation environnementale à l’échelle mondiale.
Les Canadiens sont capables de relever ce défi. Nous en avons relevé d’autres. En effet, le Canada a l’habitude des grandes initiatives politiques visant à se préparer aux changements économiques mondiaux. Dans les années 1980, nous avons anticipé
la mondialisation et l’émergence des problèmes environnementaux d’envergure planétaire, comme les pluies acides et l’appauvrissement de la couche d’ozone, au moyen de nouveaux traités de libre-échange, d’une réduction draconienne de la dette et d’actions environnementales internationales, comme le Protocole de Montréal.
Plus récemment, des partenariats, comme la Canada’s Oil Sands Innovation Alliance et l’Entente sur la forêt boréale canadienne, prouvent que nous sommes capables de
collaborer entre divers secteurs pour trouver des solutions aux défis environnementaux les plus pressants. Grâce à des leaders sachant voir au-delà du statu quo pour embrasser tout le champ des possibles, ce genre de collaboration nous a permis, entre autres transformations, de tourner le dos aux centrales thermiques au charbon en Ontario et ailleurs, d’éliminer presque entièrement les pluies acides et de stopper la détérioration de la couche d’ozone. Nous avons accompli tout cela, de plus, sans cesser d’améliorer notre bien-être économique et social. Le même genre de leadership peut maintenant nous permettre de construire une économie plus forte et plus propre, qui produira la prochaine génération d’emplois et assurera un avenir meilleur pour les Canadiens.