Avion de brousse solide, fréquemment utilisé (encore aujourd’hui) et surnommé « la bête de somme du Nord », le DHC-2 Beaver de Havilland Canada est l’un des plus grands symboles de l’ingénierie industrielle canadienne. Il allait donc de soi que, cet automne, l’entreprise Harbour Air de Richmond, en Colombie-Britannique, commence des vols d’essai avec un Beaver converti au tout électrique. L’objectif ? Offrir des vols de passagers sans émissions de carbone en 2022.
Chaque mois, 7 millions de Canadiens font des vols intérieurs, ce qui représente environ 5 % des émissions de carbone attribuables aux déplacements au pays. Et même si l’achat de crédits carbone, l’amélioration de l’efficacité énergétique et la création de biocarburants contribuent tous à réduire l’empreinte carbone du secteur, pour que le Canada atteigne ses objectifs environnementaux, il faudrait soumettre les vols intérieurs soit à une décarbonisation express, soit à d’éventuelles restrictions.
La technologie de l’aviation électrique n’est pas aussi avancée que celle des transports terrestres. Et en raison du poids des piles, c’est encore plus vrai pour les longs vols. Cela dit, la conception de piles électriques pour de petits aéronefs qui parcourent de courtes distances a fait beaucoup de progrès dans les dernières années. En fait, Avinor, l’opérateur de l’aéroport d’État de la Norvège, s’est donné comme but l’électrification complète des vols intérieurs d’ici 2040. Pour sa part, easyJet met à l’essai de petits avions électriques.
En ce qui concerne le fondateur et directeur général de Harbour Air, Greg McDougall, c’est avec la production d’une nouvelle pile par le fabricant américain magniX que s’est présentée l’occasion idéale d’électrifier ses 42 hydravions. Affichant un bilan carbone nul grâce à des crédits compensatoires depuis 2007, Harbour Air s’est rendu compte que la nouvelle pile conviendrait parfaitement à ses avions monomoteurs qui effectuent des vols de 30 minutes.
En plus des avantages pour l’environnement et de l’attrait des vols sans carbone pour les passagers, la nouvelle technologie réduit les frais d’entretien (vu le nombre moins élevé de pièces) et permet aux compagnies aériennes de contourner l’incertitude économique associée à la volatilité du prix du carburant, et aux passagers de profiter d’un vol moins bruyant. En prime : la possibilité de se brancher sur le réseau électrique non polluant de la Colombie-Britannique pour recharger les piles.
Si les essais vont bien, la seule chose qui fera obstacle à Harbour Air sera l’obtention d’une approbation réglementaire de Transports Canada et de la Federal Aviation Administration des États-Unis, pour les vols à destination de Seattle. En effet, dans ce virage vers un avenir sobre en carbone et à croissance propre, l’un des plus gros défis pour les gens d’affaires d’ici demeure le juste milieu : l’adoption d’une réglementation flexible qui convient à la nouvelle technologie et le maintien de mesures de protection publiques strictes.
Bref, vous ne trouvez pas que l’avenir tout électrique devrait commencer à bord d’un avion canadien emblématique ?
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