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Si le réchauffement de la planète est causé par le trop-plein de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, ne serait-il pas utile de le capter en vue de l’exploiter? Voilà une idée simple qui frise la frontière de l’innovation propre et de la science-fiction.

Et c’est justement à cette frontière qu’œuvre Carbon Engineering, une entreprise de Squamish, en Colombie-Britannique, qui est en train de commercialiser une technologie qui capte le CO2 dans l’air en vue de le transformer en carburant pour moteurs lourds.

Essentiellement, elle se sert d’un ventilateur gigantesque pour aspirer l’air atmosphérique et le faire passer au-dessus de plaques ondulées – un processus qui s’appelle le captage direct dans l’air (CDA). Ensuite, une solution chimique à base d’hydroxyde est mélangée au CO2 dans l’air, ce qui donne une substance solide.

Cette substance peut être soit sécuritairement séquestrée sous terre (ce qui élimine complètement le carbone de l’atmosphère), soit transformée en carburant à l’aide de la technologie AIR TO FUELS de Carbon Engineering. D’après l’entreprise, les coûts associés au CDA ont connu une baisse constante et se situent maintenant sous la barre des 100 $ par tonne de carbone séquestré. Par ailleurs, la technologie en question a été conçue dans l’optique d’être reproduite et d’avoir recours à autant de produits commerciaux que possible pour permettre une expansion rapide à l’échelle mondiale.

Le carburant créé par Carbon Engineering réduit les émissions relâchées par les moyens de transport – les voitures, les camions et les avions –, sans même devoir modifier ces derniers. Certes, il produirait des émissions une fois brûlé, mais l’idée est de créer un système en boucle fermé où le carbone séquestré par CDA vient annuler les émissions causées par les déplacements.

En principe, le nouveau carburant n’aurait aucun problème à percer les marchés où des normes de carburant à baisse teneur en carbone sont en vigueur, comme la Colombie-Britannique et la Californie. Le gouvernement du Canada peaufine actuellement la réglementation qui dotera le pays entier d’un programme de réduction de l’intensité carbonique des carburants de transport. Ce genre de programme stimule l’innovation et la découverte de solutions propres.

Carbon Engineering fait partie d’une poignée d’entreprises dans le monde qui se font la course à la commercialisation du CDA, processus né de l’imagination du chercheur David Keith alors qu’il travaillait pour l’Université de Calgary (il travaille maintenant pour Harvard). Son étape de recherche et développement a vite reçu l’appui du public. Par la suite, M. Keith a obtenu le financement nécessaire pour faire construire une usine de démonstration à Squamish.

D’où lui est venu l’argent au juste? D’une part, de brillants bailleurs de fonds gouvernementaux, comme Technologies du développement durable Canada et l’Innovative Clean Energy Fund de la Colombie-Britannique. D’autre part, de brillants investisseurs privés, comme Bill Gates et Murray Edwards, qui ont vu dans cette technologie un très grand potentiel de profit.

En mars 2019, Carbon Engineering a mis fin à une campagne de financement épique qui lui a rapporté 90 millions de dollars, sans compter les 25 millions de dollars provenant du Fonds stratégique pour l’innovation du gouvernement fédéral. Elle pourra maintenant aller de l’avant avec la construction de son centre d’innovation Newport, à Squamish.

Puis en mai 2019, Carbon Engineering a annoncé qu’elle collaborerait avec Occidental Petroleum pour bâtir, dans le bassin permien, la plus grande installation de CDA et de séquestration au monde. Dans un premier temps, on y captera 500 kilotonnes de CO2 de l’atmosphère par année. Dans un second temps, le projet sera élargi pour faire place à plusieurs usines qui capteront chacune une mégatonne par année.

Étant donné que l’humain émet environ 33 milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année, Carbon Engineering fait bien de montrer que le captage du carbone dans l’air nous aiderait largement dans la lutte contre les changements climatiques. Décidément, quand on regarde le potentiel économique et environnemental de cette technologie, le ciel nous paraît plein de promesses.


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